La conversation amoureuse
Dans son roman « La conversation amoureuse », Alice Ferney raconte avec délicatesse et justesse une rencontre entre une jeune femme et un homme plus âgé. Chaque page nous rappelle avec force une évidence qui nous échappe souvent : si la femme et l’homme sont (a priori) faits pour être ensemble, ils sont en tous points dissemblables. Et pourtant, c’est de cette incroyable dichotomie que naissent parfois des sentiments forts.
Extraits :
…En tout cas, dit-elle, je suis contente d’avoir passé la soirée avec vous. Il se mit à rire. On ne trouve jamais complètement désagréable ou inintéressant quelqu’un à qui l’on plait n’est-ce pas ? Elle fit une moue de sourire et de réflexion. Moi aussi, je suis content, murmura-t-il. Il avait retrouvé sa voix d’alcôve. Pourquoi êtes-vous content ? dit-elle, au comble du bonheur à cause de la voix. Pff, fit-il ses mains expliquant qu’on n’en savait-rien. C’est comme ça et nous n’y pouvons rien, dit-il. Elle se délectait de cette conversation à la fois sincère et tendancieuse. Est-ce que cela vous est souvent arrivé ? demanda-t-elle. Une affinité pareille ? dit-il en riant. Elle fit signe que c’était bien la question. Jamais, dit-il avec fermeté….
…Les femmes sont déjà à penser à l’éternité d’un don quand les hommes sont encore à le conquérir. C’est en quoi l’amourette fait plus mentir le chasseur que la proie consentante : il promet l’avenir pour tenir le présent…
...Est-il besoin de dire qu’elle attendait chaque appel ? Elle était suspendue à une voix, sans rien comprendre et lui…il laissait filer les choses et le temps…
…Assurément, elle remarqua comme ses sensations étaient différentes. Elle aurait pu en concevoir un remords. Mais l’amour excusait tout. Elle aimait dans l’émerveillement qui écrase faute et repentir. Elle embrassait l’amant insolent. Ils se baignaient dans les sensations primordiales, celles qui nous apprennent sans un mot ce qu’il en est de se trouver au-dedans d’un être puis au-dehors, d’être intérieur puis expulsé, d’être habitée puis vacante. Elle était mère et amante et liquide splendeur. Il glissait comme un nageur. La vie en lui percevait le tremblement intérieur qu’il touchait….
…Comment les hommes, qui sèment l’amour parce qu’ils ont désiré un objet aimable, savent-ils vivre loin de cet objet ?...
« Que sais-tu ? »
« Trop bien quel amour les femmes peuvent avoir pour les hommes »
William Shakespeare
Le Soir des rois
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