Sous la plume de Marianne

Sous la plume de Marianne

C'est tout un poème


L'extase

 

 

 

Je suis devant ce paysage féminin
Comme un enfant devant le feu
Souriant vaguement et les larmes aux yeux
Devant ce paysage où tout remue en moi
Où des miroirs s’embuent où des miroirs s’éclairent
Reflétant deux corps nus saison contre saison

 

J’ai tant de raisons de me perdre
Sur cette terre sans chemins et sous ce ciel sans horizon
Belles raisons que j’ignorais hier
Et que je n’oublierai jamais
Belles clés des regards clés filles d’elles-mêmes
Devant ce paysage où la nature est mienne

 

Devant le feu le premier feu
Bonne raison maîtresse
Étoile identifiée
Et sur la terre et sous le ciel hors de mon cœur et dans mon cœur
Second bourgeon première feuille verte
Que la mer couvre de ses ailes

Et le soleil au bout de tout venant de nous

 

Je suis devant ce paysage féminin
Comme une branche dans le feu.

 

 

 

Paul Eluard

1895-1952

Ecrivain

 

 

NB : Dans ce poème mystique, quelque peu obscur, le corps féminin est paysage. Les quatre éléments sont convoqués pour remplacer les organes du corps féminin, qui s'en retrouve sacralisé. Une façon, peut-être, de rendre hommage à la bien-aimée qu'Eluard vient de perdre dans les vapeurs de la mort.


25/02/2025
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Se voir le plus possible

 

Si vous êtes amoureux(se), lisez Musset,

Si vous n'êtes pas amoureux(se), lisez Musset,

Si vous aimez la poésie, lisez Musset,

Si vous n'aimez pas la poésie, lisez Musset

Si vous aimez les mots, lisez Musset,

Si vous n'aimez pas les mots, lisez Musset.

Si vous aimez la ou le voir le plus possible, lisez Musset :-)

 

 

 

Se voir le plus possible et s’aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu’un désir nous trompe, ou qu’un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son coeur à tout moment ;

 

Respecter sa pensée aussi loin qu’on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d’un songe,
Et dans cette clarté respirer librement –
Ainsi respirait Laure et chantait son amant.

 

Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême,
C'est vous, la tête en fleurs, qu’on croirait sans souci,
C’est vous qui me disiez qu’il faut aimer ainsi.

 

Et c’est moi, vieil enfant du doute et du blasphème,
Qui vous écoute, et pense, et vous réponds ceci :
Oui, l’on vit autrement, mais c’est ainsi qu’on aime.

 

 

 

Alfred de Musset

1810-1857

Poète, dramaturge, romancier

Extrait de "Poésies nouvelles"


21/02/2025
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J'aime et seul je le sais

 

 

 

J’aime, et je sais répondre avec indifférence ;

J’aime, et rien ne le dit ;

J'aime, et seul je le sais :

Et mon secret m’est cher, et chère ma souffrance ; 

Et j’ai fait le serment d’aimer sans espérance,

Mais non pas sans bonheur ; – je vous vois, c’est assez.

 

 

 

Alfred de Musset

1810-1857

Poète, dramaturge, écrivain français de la période romantique.

Extrait du poème "A Ninon"

 

 

 


19/02/2025
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Les mots de Pablo

 

Voici quelques mots (magnifiques) du grand poète chilien, Pablo Neruda :

 

Je t'enverrai un baiser avec le vent et je sais que tu l'entendras, tu te retourneras et, sans me voir, je serai là...

 

Je veux faire de toi ce que fait le printemps avec les cerisiers.

 

Et quand tu apparais toutes les rivières sonnent dans mon corps, les cloches secouent le ciel, et un hymne remplit le monde.

 



Pablo Neruda

1904-1973

Poète, écrivain, diplomate


15/01/2025
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Ses yeux sont des tours de lumière

 

 

 

 

Ses yeux sont des tours de lumières
Sous le front de sa nudité.

À fleur de transparence
Les retours de pensées
Annulent les mots qui sont sourds.
Elle efface toutes les images
Elle éblouit l’amour et ses ombres rétives
Elle aime — elle aime à s’oublier.

 

 

 

 

 

Paul ÉLUARD
1895-1952
Poète
Extrait du recueil : "L'Amour la poésie"

12/01/2025
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