Sous la plume de Marianne

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Le Petit Dico de Marianne


Sérendipité

 

 

Il existe dans notre langue française des mots peu usités, dont la prononciation ne semble pas naturelle et dont je retiens pourtant la signification. Pourquoi ? Parce qu'ils "sonnent" bien à mon oreille, que je les trouve plaisants à entendre, et qu'ils ressemblent parfois à ces mots bizarres prononcés devant un chaudron de (gentille) sorcière.

Ainsi en est-il du mot "sérendipité".

 

Depuis quelques années, le nom "sérendipité" est entré dans l’usage en français. Il s’agit d’un emprunt de l’anglais serendipity, « don de faire par hasard des découvertes fructueuses », un mot créé par Horace Walpole et qu’il avait tiré d’un conte oriental, Les Trois Princes de Serendip (1754), Serendip ou Serendib étant une ancienne transcription anglaise de Sri Lanka, ce dernier étant lui-même composé du sanscrit Sri, « souveraineté, richesse, éclat », et Lanka, primitivement Langkâ, que l’on a rapproché du grec lagkanein, « obtenir par le sort ». Serendip est donc cette terre bénie des dieux où la fortune semble être offerte à chacun.

 

Aujourd’hui le nom "sérendipité" s’emploie fréquemment dans le monde scientifique pour désigner une forme de disponibilité intellectuelle, qui  permet de tirer de riches enseignements d’une trouvaille inopinée ou d’une erreur.
 
On parlera ainsi de "sérendipité" à propos d’un brillant mais négligent chercheur écossais qui avait la réputation d’oublier régulièrement ses boîtes à culture, et qui, rentrant de vacances, eut la surprise de découvrir dans l’une d’elles qu’une forme de moisissure avait empêché le développement des bactéries. Alexander Fleming venait de découvrir la pénicilline. Pour conclure sur les moisissures, on pourrait aussi songer à ce berger inconnu qui, ayant oublié un fromage dans une grotte, découvrit le roquefort.
 

Rappelons que l’on peut aussi employer le nom "fortuité", tiré du latin fors, « chance, hasard » et qui a aussi son charme.

 

 

 

Source : Dictionnaire de l'Académie française (https://www.academie-francaise.fr)

 

 

 

 


21/04/2025
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Une finale pas si féminine que cela...

 

A l'heure de l'écriture inclusive, que fait-on de noms masculins se terminant par "ée" ?

En quelques mots, rappelons ce qu'est l'écriture inclusive : généralement définie comme un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes », elle peut prendre de multiples formes et ne se résume donc pas au très controversé point médian.

 

Entamée dès la fin des années 1990, cette évolution reflète celle de la société actuelle, tout en renouant paradoxalement avec des conventions remontant au Moyen Âge. On parlait alors « d’inventeures » et de « mairesses ». L’histoire de la langue n’est pas si linéaire qu’on l’imagine.

 

Revenons à ces mots masculins qui ont l'outrecuidance de se terminer par une finale très "féminine".

Quelle destinée (féminin :-)) doit-on offrir à :

Apogée

Camée

Gynécée

Hyménée (mariage, union conjugale)

jamboree (sans accent !) (rassemblement de scouts à l'échelle d'un pays entier ou du monde)

Périnée

Scarabée

Sigisbée (homme qui, dans l' Italie du XVIIIe siècle, accompagnait officiellement et au grand jour une dame mariée avec un autre homme).

etc.

 

 

Je vous laisse réfléchir et m'en vais de ce pas rejoindre l'empyrée accompagnée de mon sigisbée.


07/02/2024
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Be my polymathe ! (*)

La polymathie, dites-vous ?

 

La polymathie est la connaissance approfondie d’un grand nombre de sujets différents, en particulier dans le domaine des arts et des sciences.

 

Le substantif associé est polymathe, parfois également nommé « personne d'esprit universel » ou « génie universel »

 

Le mot vient du grec ancien polymathēs qui signifie « connaissant, comprenant ou ayant appris en quantité », des racines πολυ- (« beaucoup ») et μαθ- (« apprentissage »).

 

 

(*) Sois mon polymathe !


11/09/2023
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Ebaubi

Ebaubi, kézako ?

 

Ébaubi est un vieux mot de la langue française. Il s'emploie surtout comme attribut après les verbes être, demeurer, laisser, rester...

 

Être ébaubi signifie être stupéfait, marquer une grande surprise au point de ne plus pouvoir parler.

 

Synonymes : ébahi, éberlué, interdit, interloqué, époustouflé....

 

 

***

 
 
"La belle-sœur ébaubie ; le mari riant jaune ; la dame elle-même empourprée, et pudique tout de bon"
René Boylesve (1867-1926)
 
"Tout ce que je voyais là m'étonnait, bien que je fusse assez fine pour ne pas faire la niaise ébaubie"
George Sand (1804-1876)
 
"Pierron, ébaubi, ne savait même plus comment faire halte en un si beau chemin"
René Boylesve (1867-1926)
 
"Devant un public ébaubi, il mordait à pleines dents dans les bicyclettes qu'il dévorait par peloton"
Sens-Dessous, 2013, Florian Graton (Cairn.info)

 

 

Étonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


En savoir plus sur : https://www.laculturegenerale.com/ebahi-ebaubi-difference/ ©

Étonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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tonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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tonné au point au point de balbutier, de bégayer, de ne plus pouvoir s’exprimer.  Le terme vient de l’ancien français abaudir, « rendre bègue », dérivé du latin balbus, « bègue ». On dit souvent « tout ébaubi »Le nom dérivé est ébaubissement (rare). Exemples :

  • Après qu’elle m’a donné un baiser sur la joue, tout ébaubi, je ne pus qu’expulser des sons incompréhensibles qui la firent bien rire.
  • Les pauvres étaient ébaubies, incapables de ne rien formuler d’intelligible après avoir découvert leur maison détruite par l’inondation. 
  • Toutes ces toiles assaillaient en foule sa mémoire. Le commis étonné par ce client qui s’oubliait devant une table, lui demanda sur lequel de ces guides il fixait son choix. Des Esseintes demeura ébaubi, puis il s’excusa, fit l’emplette d’un Baedeker et franchit la porte. (Huysmans, À Rebours)
  • Aux cierges, au vitrail,
    D’un autel en corail,
    Une jeune Madone
    Tend, d’un air ébaubi,
    Un beau cœur de rubis
    Qui se meurt et rayonne ! (Laforgue, Complainte d’une vigie)


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31/08/2023
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Entrer de plain-pied dans la gratitude

Parfois, face à certaines réalités flagrantes, on a beau avoir ces dernières sous les yeux, on ne veut rien voir.

 

Heureusement, me concernant, j’ai la chance d’avoir quelques bienveillantes vigies qui m’ouvrent les yeux. C’est à l’une d’elle que je dédie ce texte.

 

Tout récemment, je publiais sur cet excellent (…) blog, un court texte intitulé "Colette et le chocolat".

 

Quelques heures plus tard, ma gentille vigie m’envoie un SMS, interpellée  par « la grosse araignées » qui a attrapé dans ses pattes au passage et sans raison un « s ». Sidérée par l’énormité de la « fôte », je lui renvoyais un "Damned ! Honte à moi !".


Au moment où je lui répondais, ma gentille vigie publiait sur son blog un texte sur la gratitude que je m’empressais de découvrir.


https://www.bulledecouleurs.fr/post/la-gratitude?cid=8936f151-f60b-449f-9a03-df32243e8a5e

 

Mes yeux suivent les mots, les phrases, les pensées, les réflexions, avec intérêt. J’aime ce texte. Il me parle. Dans mon élan, je butte sur un mot composé. J’ai un doute quant à son orthographe comme il arrive parfois (souvent)… lorsqu’on ne sait plus très bien si ce mot serait plus sexy avec deux « L », ou plus élégant avec un « M ».


En l’occurrence, ledit mot qui me chiffonne se trouve dans la phrase suivante :

"entrer de plein pied dans une autre réalité". Ce "plein" ne serait-il pas plus seyant avec un "a" à la place du « e » ? Sachant que ce « plain » vient, si j’en crois mes lointains souvenirs  de latiniste…, de "planus" qui signifie "plan, sans relief". De là vient aussi le mot "plaine". Je vérifie l’acuité de mes souvenirs. Effectivement, ce "plain-pied" s’écrit avec un "a". A mon tour, je signalais l’erreur à ma gentille vigie avec conscience que mon "s" collé à "la grosse araignée" était mille fois plus impardonnable que ce "plein/plain".

 

Justement, puisque nous sommes en plein dedans…. Offrons-nous une visite guidée et entrons de plain-pied dans l'histoire de cette expression.

 

L'expression "de plain-pied" n’a, à l’origine, qu’un rapport très étroit avec le corps humain. Lorsque l’expression est utilisée en tant qu’expression adverbiale, elle signifie entrer dans un lieu sans qu’on n’ait besoin de monter ni de descendre.

 

"Arrivé au bout du passage, il atteignit l’escalier, descendit les premières marches, et bientôt se trouva de plain-pied avec le cimetière de l’abbaye…"

Alexandre Dumas, Othon l'archer

 

Plus familièrement et au sens figuré, elle signifie accomplir une action facilement, sans que cela souffre de difficulté (ex : "cela va de plain-pied", comprendre : c’est tout naturel). On pourra aussi utiliser l’expression pour dire que l’on rentre « de plain-pied » dans un sujet, c’est-à-dire directement et immédiatement, autrement dit on met les pieds dans le plat.

 

Lorsque l’expression est placée dans une phrase en tant que locution adjectivale, elle désigne un espace qui se trouve sur le même niveau, au même étage. On peut aussi l'utiliser au sens figuré pour signifier "au même niveau" de quelqu'un ou de quelque chose :

Devoir la vie à un malfaiteur, accepter cette dette et la rembourser, être, en dépit de soi-même, de plain-pied avec un repris de justice, et lui payer un service avec un autre service ; se laisser dire : Va-t'en, et lui dire à son tour : Sois libre; sacrifier à des motifs personnels le devoir…

Victor Hugo, Les Misérables

 

Plus concrètement dans le domaine de l’immobilier, elle qualifie les pièces d’un appartement ou d’une maison qui se trouvent au même étage et/ou au même niveau.

 

Evolution historique de l’usage de l’expression "de plain-pied"

Origine de l’expression "de plain-pied"

 

Le terme « plain » est rarement utilisé seul dans une phrase. On le retrouve ainsi dans l’expression « de plain-pied ».

 

Le mot vient du latin planus, un adjectif qui qualifie ce qui est plat, sans relief ni inégalités. C’est de ce même terme que vient le mot « plaine ». La locution se forme dès le début du XVIIe siècle où on la trouve sous la forme suivante : "à plain-pied" afin de désigner un espace qui se trouve au niveau du sol, c’est-à-dire auquel on peut accéder sans que le pied n’ait à gravir ou descendre des marches.

 

Pour aller plus loin :

On trouve la locution dans deux autres expressions populaires. « Être de plain-pied avec quelqu’un » signifie bien s’entendre, être en bons termes. Il est aussi utilisé dans le terme « plain-chant », qui désigne un genre musical sacré. Il tire son origine du latin Cantus Planus, qui caractérise un chant sans ruptures, accidents ou altérations. Par ailleurs, le terme français "plain" a donné naissance à l’adjectif plain en anglais : quelque chose de commun, de simple, d’ordinaire voire de banal.

 

 

Exemples d’usage de l’expression "de plain-pied"

 

"Choses vivantes ô choses excellentes" "Enfance, mon amour, ce double anneau de l'œil et l'aisance d'aimer". Immédiatement à côté de la perception, cette sorte de disposition, de mouvement naturel à aimer l'aisance. "Ah tant d'aisance dans nos voies". Elle est une manière d'être de plain-pied avec les objets et les êtres, de n'être jamais emprunté devant les sensations ou les sentiments »

Pierre Guerre, Saint-John Perse et l’homme

 

« C'était une terrasse à deux étages, qui par une sorte de courtine se trouvait de plain-pied avec le premier étage des ailes du logis »

Jean Prévost, Philibert Delorme

 

"Ma maison s'ouvre, longue et plate, de plain-pied sur une cour intérieure, genre patio, mais hélas ! un patio sans fleurs, sans jet d'eau et surtout sans romantisme !"

Yvonne Blondel, Norbert Dodille - Journal de guerre 1916-1917: front sud de la Roumanie

 

"Se sentir un homme, se dire que le soir même, libre pour la première fois, on entrera enfin de plain-pied dans la vie, objet de toutes les convoitises, et subir sous les yeux de celle qu'on aime une si solennelle humiliation !"

Eugène Fromentin, Pierre Blanchon - Lettres de jeunesse

 

« Mais il arrive que Jackie entre de plain-pied dans le monde. Un pas, un autre pas. Un geste, un mot, un mouvement imperceptible »

Leslie Kaplan, Le Silence du diable

 

En guise de conclusion :

Grâce à ma gentille vigie, à mon impardonnable faute et à ce "plain-pied", je peux écrire, non sans fierté, que je suis vraiment de plain-pied avec ma gentille vigie à qui je dis « merci » (gratitude….). Et la boucle est pleinement bouclée Bisou

 

 

 


13/04/2023
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