Sous la plume de Marianne

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Le Petit Dico de Marianne


Savanarole

 

 

Vous vous trouvez face à une personne qui exprime et impose sa façon de voir les choses avec autorité, voire dogmatisme. Son discours terminé, vous aurez tout loisir de lui dire « Savanarole, sors de ce corps ! ».

 

Qualifier une personne de « savanarole » fait référence à Jérôme Savonarole (Ferrare 1452-Florence 1498), un frère dominicain, prédicateur et réformateur italien de la Renaissance. Savonarole était connu pour ses sermons ardents et pessimistes, ses prophéties menaçantes, et son influence significative sur la ville de Florence à la fin du 15ème siècle. Il est souvent associé à un radicalisme mystique et à une réforme morale stricte. Sa tyrannie étouffante finit par provoquer des tensions entre ses partisans et ses adversaires. Savonarole s'enhardit à critiquer la corruption des prélats romains. Le pape Alexandre VI lui interdit de prêcher (1495), puis l'excommunie (1497). Savonarole n'en tient pas compte, mais ses adversaires se coalisent et réussissent à le faire arrêter. Condamné à mort, il est pendu et son corps est réduit en cendres. Mince…

 

Un « savanarole » est, donc une personne qui impose des doctrines de manière autoritaire ou dogmatique, souvent de façon péjorative (définition du Larousse).

 

"Florence tournait définitivement le dos aux imprécations des savonaroles au petit pied. Elle renouait avec les cérémonies, avec la magnificence, avec la vie" 

(Jean-François Solnon, Catherine de Médicis)


23/05/2025
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Anacycliques et palindromes

 

 

Nous connaissons tous dans notre entourage des personnes qui ont un avis sur tout, qui savent tout mieux que quiconque, qui nous abreuvent de photos prises au quatre coins du monde ajoutant « ON a fait le Brésil, le Vietnam » ( quand de mon côté, je fais plus volontiers les courses et le ménage) etc. Bref, des gens que l’on a envie parfois de voir tomber de leur cocotier avec leurs certitudes et leur suffisance. Et lorsque l’occasion se présente, que l’on rabaisse le caquet tout en s’instruisant (et accessoirement, en instruisant l’autre), alors là, c’est la jubilation.

 

Tout récemment, histoire de partager mon émotion du moment, j’envoyai une photo à une personne que je côtoie dans le cadre professionnel. On y voyait une abeille butinant les fleurs d’une glycine blanche déversant ses grappes alanguies sur une verte pelouse.

 

Quelques instants plus tard, mon interlocuteur me répondit par une photo illustrant l’intérieur de la Chapelle Sixtine (avant qu’il ne se fasse expulser pour occupation prolongée par quelques hommes en rouge). « Amitiés de Rome ! », avec sa pomme au premier plan façon « Je m’aime, dieu que je m’aime ! ».

 

J’eus alors une idée. Lorsque j’avais eu le bonheur de visiter Rome, j’avais remarqué une subtilité liée au mot « Roma » qui, écrit à l’envers, donne « Amor ». Je tentai alors de reproduire cette trouvaille avec des mots français. Ainsi, je trouvai :

 

➡️ Zen et nez

➡️ Bons et snob

➡️ Trace et écart

➡️ Saper et repas

 

Ce procédé, qui consiste à lire un mot ou une phrase à l’endroit comme à l’envers, en modifiant le sens, se nomme anacyclique. Je pensais, à tort, qu’il s’agissait de palindrome. Que nenni.

 

Le palindrome, ce sont des mots miroirs. Un palindrome a pour particularité de pouvoir être lu indifféremment dans un sens ou dans l’autre, c’est-à-dire de gauche à droite ou de droite à gauche. Par conséquent, l’ordre des caractères d’un palindrome est symétrique.

 

➡️ Kayak est l’un des palindromes les plus connus en français. Qu’on le lise dans un sens ou dans l’autre, le mot reste le même.

 

Les palindromes dans la littérature :

La littérature des poètes et des esthètes s’intéresse au palindrome depuis belle lurette.

Ainsi, des auteurs aussi illustres que le grand Victor Hugo nous ont légué quelques-unes de ces pépites à travers leur poésie. 

 

« Et la marine va venir à Malte »

« Tu l’as trop écrasé, César, ce Port-Salut » (J’adore !)

 

Revenons à nos moutons et plus particulièrement à cette histoire de photos. Après avoir reçu ce cliché "romain", je répondis à mon interlocuteur : « Merveilleuse Roma dont vous connaissez sûrement l’anacyclique « Amor » ». Depuis, silence radio.


02/05/2025
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Sérendipité

 

 

Il existe dans notre langue française des mots peu usités, dont la prononciation ne semble pas naturelle et dont je retiens pourtant la signification. Pourquoi ? Parce qu'ils "sonnent" bien à mon oreille, que je les trouve plaisants à entendre, et qu'ils ressemblent parfois à ces mots bizarres prononcés devant un chaudron de (gentille) sorcière.

Ainsi en est-il du mot "sérendipité".

 

Depuis quelques années, le nom "sérendipité" est entré dans l’usage en français. Il s’agit d’un emprunt de l’anglais serendipity, « don de faire par hasard des découvertes fructueuses », un mot créé par Horace Walpole et qu’il avait tiré d’un conte oriental, Les Trois Princes de Serendip (1754), Serendip ou Serendib étant une ancienne transcription anglaise de Sri Lanka, ce dernier étant lui-même composé du sanscrit Sri, « souveraineté, richesse, éclat », et Lanka, primitivement Langkâ, que l’on a rapproché du grec lagkanein, « obtenir par le sort ». Serendip est donc cette terre bénie des dieux où la fortune semble être offerte à chacun.

 

Aujourd’hui le nom "sérendipité" s’emploie fréquemment dans le monde scientifique pour désigner une forme de disponibilité intellectuelle, qui  permet de tirer de riches enseignements d’une trouvaille inopinée ou d’une erreur.
 
On parlera ainsi de "sérendipité" à propos d’un brillant mais négligent chercheur écossais qui avait la réputation d’oublier régulièrement ses boîtes à culture, et qui, rentrant de vacances, eut la surprise de découvrir dans l’une d’elles qu’une forme de moisissure avait empêché le développement des bactéries. Alexander Fleming venait de découvrir la pénicilline. Pour conclure sur les moisissures, on pourrait aussi songer à ce berger inconnu qui, ayant oublié un fromage dans une grotte, découvrit le roquefort.
 

Rappelons que l’on peut aussi employer le nom "fortuité", tiré du latin fors, « chance, hasard » et qui a aussi son charme.

 

 

 

Source : Dictionnaire de l'Académie française (https://www.academie-francaise.fr)

 

 

 

 


21/04/2025
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Une finale pas si féminine que cela...

 

A l'heure de l'écriture inclusive, que fait-on de noms masculins se terminant par "ée" ?

En quelques mots, rappelons ce qu'est l'écriture inclusive : généralement définie comme un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes », elle peut prendre de multiples formes et ne se résume donc pas au très controversé point médian.

 

Entamée dès la fin des années 1990, cette évolution reflète celle de la société actuelle, tout en renouant paradoxalement avec des conventions remontant au Moyen Âge. On parlait alors « d’inventeures » et de « mairesses ». L’histoire de la langue n’est pas si linéaire qu’on l’imagine.

 

Revenons à ces mots masculins qui ont l'outrecuidance de se terminer par une finale très "féminine".

Quelle destinée (féminin :-)) doit-on offrir à :

Apogée

Camée

Gynécée

Hyménée (mariage, union conjugale)

jamboree (sans accent !) (rassemblement de scouts à l'échelle d'un pays entier ou du monde)

Périnée

Scarabée

Sigisbée (homme qui, dans l' Italie du XVIIIe siècle, accompagnait officiellement et au grand jour une dame mariée avec un autre homme).

etc.

 

 

Je vous laisse réfléchir et m'en vais de ce pas rejoindre l'empyrée accompagnée de mon sigisbée.


07/02/2024
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Be my polymathe ! (*)

La polymathie, dites-vous ?

 

La polymathie est la connaissance approfondie d’un grand nombre de sujets différents, en particulier dans le domaine des arts et des sciences.

 

Le substantif associé est polymathe, parfois également nommé « personne d'esprit universel » ou « génie universel »

 

Le mot vient du grec ancien polymathēs qui signifie « connaissant, comprenant ou ayant appris en quantité », des racines πολυ- (« beaucoup ») et μαθ- (« apprentissage »).

 

 

(*) Sois mon polymathe !


11/09/2023
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