Dans toute fête sourd une défaite
Dans son best-seller « Les yeux de Mona » (*), l’historien d’art, Thomas Schlesser, nous initie à la philosophie de la vie et à la vertu du regard à travers le prisme de la peinture. Savoir regarder ; juste regarder sans intellectualiser l’objet de notre regard.
Entre autres tableaux évoqués dans son récit, le magnifique Pierrot tout de blanc vêtu, d’Antoine Watteau (1664-1721). Personnage de la Commedia dell'arte dans lesquels les acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité, le Pierrot de Watteau semble triste.
Face à ce tableau, Thomas Schlesser écrit : « Dans toute fête sourd une défaite ».
Pourquoi ? Que sont des moments de fête sinon des instants où tout va vite, où les esprits sont exaltés, où l’intensité des émotions est à l’aune.
Que se passe-t-il lorsque les lumières s’éteignent, que l’on revient au quotidien de la vie, que l'on quitte cet univers éphémère et artificiel ? Une espèce de vide mâtiné de nostalgie, de mélancolie…Ce moment, selon Thomas Schlesser, est essentiel car il est un moment de profondeur. La mélancolie n’est-elle pas ce qui donne sa profondeur aux choses ?
La fête a sa part de défaite, on peut s'en méfier, surtout lorsqu'elle s'automatise, devient une obligation sociale. La comédie, le jeu, les licences et le badinage ont - nous dit la toile de Watteau - un arrière-goût mélancolique, parce que le corps s'y épuise fatalement et que l'injonction d'être heureux est intenable.
(*) Les yeux de Mona (Albin Michel)
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