Sous la plume de Marianne

Hier soir, 15 janvier, l'émission "La Grande Librairie"  (France 5) choisissait de faire la part belle à la vie en conviant quelques plumes dont la mission était d'apporter un souffle d'espoir et de lumière en ces temps tourmentés.

Parmi eux, le très séduisant Pascal Quignard, écrivain talentueux et violoncelliste à ses heures.

A la fin de l'émission, comme il est de coutume dans ce programme, l'un des écrivains s'exprime à haute voix, face caméra.

Pascal Quignard s'est volontiers plié à l'exercice.

Le texte, magnifique, parlait de la nature, si précieuse, d'amour également.

De cet amour liant deux êtres et qui continue de respirer au-delà de cette simple incarnation terrestre.

Le charme de l'écrivain a opéré. Emotion sur le plateau et derrière le petit écran...

"Comme moi, vous avez vu Hollywood, périr dans les flammes. Les villas luxueuse anéanties. En 2011, vous avez vu la vague emporter la ville de Fukushima. Les usines Tepco contaminer les océans.

Jadis, en Grèce, les dieux, voyant que les hommes détestaient la nature, décidèrent de les exterminer au cours d’un déluge. Zeus et son fils Hermès s’étaient déguisés en étrangers. Les habitants refusaient de les accueillir, les expulsaient.

Affamés, épuisés, les dieux gravissent la colline. Ils découvrent une pauvre chaumière, perdue sous un chèvrefeuille emmêlé à la vigne. Assise devant la porte, une femme très âgée, Baucis, écosse des légumes. Elle se lève avec difficulté. Elle leur offre de l’eau à boire. Elle appelle son mari Philémon, encore plus pauvre et usé qu’elle pour qu’il aille chercher dans le cellier le reste du jambon. En partant, avant de lancer leur déluge, Zeus et Hermès, afin de les remercier leur demandent quel pourrait être leur désir.

- Voulez-vous être immortels comme nous ?

- Oh non, nous sommes si vieux ! On ne veut pas être éternels ! Nous voudrions simplement mourir en même temps, ensemble. Que l’un ne parte pas en laissant l’autre sur le seuil. Dans les bras, l’un de l’autre, comme le chèvrefeuille reste noué au pied de la vigne, comme la glycine mêlée au lierre.