« Oui, mais…. » et autres "ouin-ouin"
En 2000 sortit un film qui passa inaperçu. Dommage car il pourrait rendre grand service à tous ceux et qui se complaisent trop facilement dans le syndrome de Calimero. « Oui, mais… » réalisé par Yves Lavandier (avec entre autres Gérard Jugnot et Emilie Duquenne) illustre avec brio le fonctionnement de certains jeux psychologiques auxquels nous nous livrons tous, de manière le plus souvent inconsciente.
Ah, ce « Oui, mais », dire que nous aimons le nourrir est un euphémisme ; comme tous ces autres jeux psychologiques qui sont des stratégies de l’enfance dont nous n’avons plus besoin mais que nous répétons à l’âge adulte du fait d’un processus de conditionnement. Cela se traduit le plus souvent par des échanges verbaux considérés comme anodins mais dans lesquels les deux acteurs vont jouer inconsciemment les rôles de sauveur, de persécuteur ou de victime.
- J’ai tellement envie de refaire ma vie mais j’ai peur.
- Peut-être pourrais-tu aller voir un tiers extérieur pour t’aider.
- Oui mais c’est pas si simple. Et puis à mon âge…
- Peut-être faut-il y aller pas à pas, doucement.
- Oui mais que vont dire mes proches, les amis ?
- Ta vie n’est-elle pas plus importante que ce que pensent les autres ?
- Oui mais peut-être me tourneront-ils le dos…
Etc, etc….
Cet échange pourrait se poursuivre ad libitum. Si les situations diffèrent, les rouages de ce mécanisme sont remarquablement bien huilés et opérationnels. Ce petit jeu touche chacun d’entre nous avec plus ou moins de « succès » selon son passé, son histoire.
En posant à son interlocuteur un fait comme si cela posait problème, l’initiateur dudit jeu ne cherche pas de solution à son problème. Surtout pas. Ce que souhaitent davantage ces Calimero c’est se plaindre, se positionner en victime. Dans ce jeu de dupe, ces personnes cherchent à valider certaines croyances ancrées depuis des années. Des croyances telles que :
- Comment trouver une solution ? Ma situation est tellement compliquée.
- Personne ne peut comprendre ce que je vis. Personne ne peut rien pour moi (NB : ce qui n’est pas faux. Seule une qualité d’écoute peut éventuellement aider un Calimero. Car la seule personne qui peut y faire quelque chose, c’est…notre Calimero).
- Je ne m’en sortirai jamais (NB : la personne qui se place en tant que victime, a-t-elle envie de s’en sortir ? Très souvent, non. Pourquoi ? A toute situation inconfortable, voire difficile se greffent paradoxalement des bénéfices secondaires. Pourquoi risquer de lâcher la proie pour l’ombre, se dit notre Calimero. Pourquoi prendre le " risque heureux " de vivre alors ? serais-je tentée de lui répondre).
Prenez garde si vous croisez des « Oui, mais… ». Ils peuvent être redoutables. Ils parviennent à épuiser un bataillon de sauveteurs car ils ne recherchent nullement à être aidés. Vous pouvez toutefois tenter d'entrer dans leur jeu en forçant le trait, en abondant dans leur sens. « Oui, tu as raison. C’est vrai, c’est compliqué. Il n’y a pas d’issue ». La fois suivante, pas certaine qu’ils reviennent vers vous. Qu’importe car aucune des solutions proposées n'aurait été retenue. Ce qu’attendent ces personnes, c’est surtout conserver et confirmer leurs croyances négatives.
Alors, me direz-vous, aucune issue possible pour ces Calimero ? Bien-sûr que si. Prendre conscience qu’il est possible de vivre autrement et que les « lendemains » choisis ne seront pas systématiquement difficiles, c’est déjà faire un grand pas. Une autre clé pour tordre le cou aux schémas limitants et nourris depuis tant d’années : se servir des mots à bon escient et dans le bon ordre, ça peut tout changer. Ainsi peut-on inverser un « Je suis heureuse d’être là mais je suis fatiguée » en « Je suis fatiguée mais je suis heureuse d’être là… ».
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