Mazette !
La Corse dans sa beauté brute, sensuelle, sauvage fait souffler des parfums de myrte, de romarin, d’immortelle…. « Au parfum de son maquis, de loin, les yeux fermés, je reconnaîtrais la Corse » disait Napoléon Bonaparte. Parfois, l'île de beauté fait aussi souffler un parfum d’amour.
Sa peau avait déjà pris une belle couleur abricot. La blondeur de ses cheveux n’avait jamais été aussi lumineuse. La journée d’hier passée sur la plage de Palombaggia avait été au delà de ce qu'elle aurait pu rêver. Merveilleuse. A cette heure de la matinée, la boulangerie était encore presque vide. Il y faisait déjà presque chaud. Elle attendait patiemment son tour. Dans sa petite robe fluide, elle sentait le souffle d’un ventilateur posé près d’elle lui rafraichir les jambes.
- Tu vas pouvoir tout porter ?
- Ze suis fort. Même que ze vais rentrer à la grande école bientôt.
- Tiens, prends ça Pablo.
La boulangère remit à son jeune client un sachet de friandises.
- Mazette ! Vous êtes trop zentille. Ze vais le dire à Papa.
Les bras chargés, le petit garçon se retourna.
- Mazette, vous êtes belle Madame !
Surprise par le compliment, la cliente lui sourit, attirée par deux magnifiques billes noires qui la regardaient.
- Mazette ! Quand vous souriez, vous êtes encore plus belle !
- Dis donc, Pablo, tu ne ferais pas du charme à Madame ?
Pablo ne répondit pas. Il regardait la dame qui regardait Pablo.
- Tu commences jeune mon garçon, ajouta la boulangère avec affection. Va vite retrouver ton père qui t’attend dehors.
- Vous êtes belle, renchérit le petit garçon. Zé un secret à vous dire à l’oreille.
La femme se plia volontiers au jeu de son jeune chevalier.
- Ze vais rentrer à la grande école en septembre. Et quand ze serai grand, alors ze vous marierai. Vous m’attendrez ?
- Pablo, n’ennuie pas Madame.
L’homme qui venait de prononcer ces mots, était grand. Grand comme Pablo espérait l’être un jour. Tous les deux avaient le même regard, profond, la même chevelure abondante et bouclée. Le même rictus et cette petite fossette au milieu du menton qui les rendaient craquants. Dieu qu’ils se ressemblaient. La grande photocopieuse de la vie avait reproduit spontanément la copie identique du père.
- Dis Papa, on pourrait aller manzer les croissants au café avec la dame ?
- Tu lui as demandé si elle était d’accord ?
- Je suis d’accord, répondit elle.
- Tu vois ! Elle est belle. En plus, elle est zentille. Et moi bientôt, ze vais rentrer à la grande école. Mazette !
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