Les cocottes et moi
J'adore les poules. Comment cette affinité particulière pour les gallinacées m’est-elle venue, je ne saurais le dire. D’ailleurs, est-il important d’en connaitre la raison ? Pourquoi tombe-t-on amoureux d’une personne et pas d’une autre ? C’est ainsi. Et bien, moi avec les poules, c’est la même chose. J’adore les poules. Il y a quelque temps de cela, j’avais loué un gîte en pleine campagne. Mes plus proches voisins ? Deux ânes, un noir et un gris. De fières oies et… des poules ! Le bonheur.
Chaque matin, au réveil, je rendais visite à Joséphine, Germaine et leurs copines. Aucune n’avait trouvé à y redire quant au prénom dont je les avais affublées. Au contraire. Dès que je me dirigeais vers le vaste enclos en les hélant d’un « Hello les poules ! Bien dormi ? », je voyais ma Joséphine, ma Germaine et leurs copines se radiner dare-dare, sautillant d’une patte sur l’autre avec plus ou moins de facilité et de grâce. Loin d’être les plus apathiques, les plus dodues couraient ventre à terre, quand les plus sveltes tentaient de petits envols. « Avec les poules, j’ai un succès fou…ouh, ouh… ». Et pour cause. Dans un panier d’osier, des épluchures, du pain et le sourire de la crémière. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, m’avait appris ma grand-mère.
Le premier lancer de nourriture donnait toujours lieu à une grande cacophonie. Concrètement, à quoi cela ressemble-t-il ? Voyez-vous ce qu’il se passe lorsqu’un magasin de luxe sur les Champs-Elysées organise un événement « waouh » autour d’une série limitée ? Une horde de femmes déchainées, hors de contrôle, se rue vers la porte d’entrée du magasin face à un vigile largement débordé. Le plus souvent maquillées comme des voitures volées, les bouches repulpées en bec de canard, tenant d’un bras leur Chihuahua tout juste sorti de chez la manucure (oui, oui), de l’autre, leur sac à main affichant ostensiblement les initiales LV, elles empestent un parfum capiteux et lourd. Mais revenons à nos poules. Tout cela pour vous dire que chaque matin, lorsque j’apportais à manger à mes copines, c’était pareil que devant Hermès, Chanel, Vuitton….Et vas-y que je te passe devant, et vas-y que je te monte dessus pour être la première. Oui, j’adore les poules.
Récemment, je butinais sur Instagram, le lieu idéal où se promener lorsqu’on ne souhaite pas être encombré de commentaires, de phrases avec des fautes (quoi que...). Sur Instagram, place à l’image, à la photo. Le reste importe moins. Et là, que vois-je ? Sur le compte intitulé « Les cocottes et nous », de magnifiques poules, belles, altières, au plumage brillant, au regard vif. Je commence à réagir aux photos. Dit autrement à commenter avec humour et légèreté cette jolie palette de cocottes. Plusieurs commentaires plus tard, nous commençons à échanger plus avant avec l’heureuse propriétaire de ces 16 poules. Ah oui, quand même !?
Je raconte à Cathy qu'il y a quelque temps de cela, j’avais commencé l’écriture d’un roman où j'avais fait des poules, mes héroïnes. Je lui explique que, pour ce faire, j’avais effectué un important travail de recherche. Travail qui m’a amenée à découvrir des espèces dont je n’imaginais même pas l’existence. J’ai ainsi fait la connaissance de la poule Marans noire à camail cuivré, produisant des œufs couleur chocolat….J’ai rencontré l’Araucana. Avec son corps arrondi, son poitrail bombé, elle arbore fièrement ses toupets de plumes. Au sommet de son crâne, une crête en forme de cerneau de noix auréole délicatement des yeux vifs, rouges ou orangés. A cela s’ajoute une forte personnalité et une particularité unique : l’Araucana pond des œufs verts. C’était décidé. La chef des poules dans mon roman serait une Araucana. Une qui en a sous la patte ! J’apprends alors que Cathy a justement une Araucana, prénommée par son mari « La Psycho » en raison de son comportement « vachement bizarre ».
- Et sinon, comment s’appellent vos autres poules ?
Quelques jours plus tard, Cathy m’envoyait un mail qui commençait par « mes poules, franchement, je les adore ».
« Je ne pensais pas que les poules étaient si intelligentes et si proches de nous. Je leur parle, je les prends dans mes bras. C’est génial ». Cathy me reparla de la « Psycho », « la préférée de mon mari. Très intelligente, très douce, mais il ne faut pas venir lui chercher des noises ». A un point tel que la Psycho a un poulailler pour elle toute seule. De temps en temps elle accepte qu’une copine dorme avec elle. Selon son humeur et ses envies.
Il y a aussi deux grosses poules. Comment s’appelle la blanche ? « La grosse. Je sais, c’est pas très original. Elle est très calme. C’est une vraie maman poule. C’est grâce à elle que nous avons la chance d’avoir des poussins. Elle a pris soin des œufs fécondés que nous avions achetés. L’autre grosse, c’est la rousse, « Duchesse ». Une grande élégance et un très bon caractère. Il y a Miss Magie aussi. Blanche, toute maigre. Très gourmande. Miss Magie c’est la plus rapide ». Une sorte d’Usain Bolt en poule. « Elle mange toujours avant les autres. Elle a un caractère sympa. Quant à Oreo, elle est toujours grimpée sur le rebord de la fenêtre. C’est une vorace », explique Cathy. « Elle adore courir après les mouches. C’est une poule très douce. C’est une coucou de Rennes. Il y a sa jumelle Paulette, même caractère mais un peu moins sociable ».
Et puis il y a « notre Rosa Bonheur », clin d’œil à la peintre au nom éponyme (1822/1899). « Chaque fois que mon mari faisait de la peinture, elle était dans ses pattes et n’hésitait pas à en mettre partout ! ».
Et puis il y a « Prison Break » en hommage à l’acteur Michaël Scolfield de la série TV « Prison break », toujours prête à aller ailleurs, un peu farouche.
Et depuis peu, un nouveau venu…. « Notre coq ». Un homme ! Enfin un homme ! On se calme…« Pas très dynamique pour l’instant. Il est très beau, très doux, très peureux surtout avec toutes ses femmes autour de lui ». Et Cathy de conclure « Bon, je vous laisse. Je vais profiter du soleil et donner le goûter à la basse-cours. Au menu, riz aux carottes cuisiné à la graisse de confit de canard avec des graines de chia. Et oui elles sont gâtées. À bientôt ». J’adore les poules.
Photo : "Les cocottes et nous"
Compte Instagram : les.cocottes.et.nous.
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