Sous la plume de Marianne

Sous la plume de Marianne

"L'Américain", l'autre héros du 6 juin 1944

 

 

 

La guerre est affaire de logistique. Sur le terrain ennemi, il faut savoir se repérer, s'orienter, au risque, sinon, de se retrouver exposé à bien des déconvenues et condamné à tourner en rond quand il s'agit de forcer droit devant et de reconquérir au plus vite des territoires perdus. L'histoire qui suit va le démontrer une fois encore, à l'heure où il s'agissait de libérer l'Europe.

 

Ce matin du 6 juin 1944, les soldats américains, anglais, canadiens débarquent sur les plages de Normandie. Le Débarquement est une réussite. En une journée, les cinq plages visées sont prises par les Alliés. Mais le plus dur est à venir. Il faut maintenant libérer les villes une à une. Les panneaux routiers et les rues principales ont bien souvent disparu à cause des bombardements. Mais les soldats anglais, américains et canadiens ont une arme secrète pour se repérer. Ils sont accompagnés de celui que l’on appelle aujourd’hui « l’Américain ».

 

Qui est cet « Américain » ? Derrière ce nom de code se cache un vétéran bien particulier de la seconde guerre mondiale : le guide Michelin 1939, judicieusement glissé dans le paquetage des officiers qui débarquèrent sur les plages de Normandie, à l’aube du 6 juin 1944. L'état-major américain avait contacté la direction de Michelin près d'un an avant le Débarquement et lui a demandé de rééditer la dernière édition du guide, qui datait de 1939. L’édition 1939 du guide publié par le manufacturier clermontois et les précieux plans qu’elle contient ont joué un rôle crucial pour orienter les Alliés lors du D-Day. Washington en avait d’ailleurs édité une copie pour ses officiers.

 

L'officier de liaison Gustave Moutet en avait fait l'expérience après avoir échappé à l'étau allemand, fin mai 1940, dans la poche de Dunkerque. Ce parfait anglophone parvient à guider jusqu'à Brest une division anglaise qui a échappé elle aussi à l'avancée des chars de Guderian. Dans sa poche à lui, un Guide Michelin du millésime 1939 qui lui est bien utile et qu’il avait acheté pour son plaisir.

 

Des centaines de bibliophiles pistent sa trace inlassablement. 

Convoité ? Oh oui, il l’est ! Les rares exemplaires aujourd’hui en circulation peuvent atteindre jusqu’à 12 000 euros aux enchères. Mais, au-delà de sa valeur faciale, cet objet est un incroyable témoin de notre histoire contemporaine, il est juste extraordinaire.

 



31/05/2024
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