Colour by nature
Il y a le bleu gitane, le bleu pervenche. Il y a aussi désormais le jaune « gilets jaunes ». Il y a le vert "gazon anglais", le vert écolo de gauche. Il y a le noir Soulages (du nom éponyme de l’artiste, qui s’est fait une spécialité des monochromes noirs…et qui ne soulage que lui d’ailleurs). Il y a le rouge Hermès.
Et puis, il y eut récemment cette charmante découverte autour d’un nuancier de couleurs qui me fut remis pour la peinture d’une pièce de mon domicile. Imprimé sur un cartonné plié un peu à la façon d’un éventail, la marque s’affiche avec un logo ceint de fleurs et d’oiseaux.
Et voici ce que je lis :
Si deux siècles se sont écoulés depuis sa publication en 1814, « Werner’s Nomenclature of Colours » demeure un outil de prédilection pour les scientifiques et les artistes. Avant l’ère de la photographie, l’ouvrage a établi une classification officielle des couleurs présentes dans la nature, permettant ainsi aux explorateurs de l’époque de décrire très précisément le monde en devenir qu’ils n’avaient de cesse de découvrir » Ainsi, expliquait-on que Charles Darwin, notamment, avait fait usage du recueil dans le cadre de la mission d’exploration de 1831 à 1836 qui a donné lieu à son journal « Le voyage du HMS Beagle ». Pour la petite histoire, cet ouvrage où le futur naturaliste notifia, cinq années durant, tout ce qu’il observa, découvrit à bord du HMS Beagle, contribuera à l'élaboration de sa théorie sur l'évolution des espèces ainsi qu'à sa renommée.
Quelle géniale idée a eu cette marque de peinture, s’inspirant de ce classement chromatique du 19ème siècle pour proposer, deux siècles plus tard, une palette de teintes élaborée en collaboration avec le Natural History Museum de Londres. Et de conclure en invitant les couleurs de la nature dans mon intérieur….
Comme une composition impressionniste, poétique, ce qui suivait me porta à la rêverie. Sur un tableau, quatre colonnes (« couleurs », « animal », « végétal », « minéral »). Comment décrire le ton « blanc neige » autrement que par celui d’une « poitrine de la mouette rieuse » (animal), d’un « perce-neige » (végétal) ou encore du « marbre de Carare et Travertin (minéral ).
Quant au « blanc tirant légèrement sur l’orangé », il sera « poitrine du harfand des neiges ou petit-duc » (animal), « lison des champs (végétal) et « argile de porcelaine française » (minéral). Gris cendre ? il sera « poitrine de la mésange à longue queue » (animal), « cendres des bois frais » (végétal), « silex » (minéral). Le bleu profond aura pour correspondance animalière, la « gorge de la mésange bleue », « l’étamine de l’anémone couronnée violette » (végétal) et la « chalcantite » (sulfate de cuivre naturel de couleur bleu) pour le minéral.
Comment ne pas résister à vous parler du « grain de beauté sur l’aile d’une sarcelle d’hiver mâle » pour le vert émeraude ou encore le « dessous de l’aile postérieure du papillon Aurore » pour la couleur « vert sève »….
« Ce sera cette couleur ». Mon choix se porta sur un doux orangé comme celle de la « crête du roitelet à couronne dorée », ou celle du « souci », de la « cosse de fusain » ou celle la « trace d’orpiment rouge » (minéral tirant sur beau jaune doré tirant sur l'orangé profond).
Quant au nuancier sur ce cartonné plié en éventail, il fait désormais office de marque-page pour mes lectures. Parfois, je me demande si ma hâte à retrouver ma lecture en cours, n’est pas plutôt celle d’avoir le plaisir de déplier pour la énième fois ce nuancier si poétique.
Image par Priscila Costa de Pixabay
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