Sous la plume de Marianne

Dans une entrevue accordée au magazine « Philosophie Magazine », le philosophe André Comte-Sponville revient sur cet énigmatique « Carpe Diem ». Cueillir le jour, oui mais comment ?

Extrait :

- Que signifie la formule « l’art de ne rien faire » à vos yeux ? Elle renvoie à une rêverie ? Une espérance ? Une peur ?

- Une rêverie, oui. Il y a longtemps que je rêve de ne plus écrire, d’être assez sage pour que vivre me suffise. Il m’arrive d’y parvenir à peu près mais cela ne dure jamais très longtemps. L’angoisse ou la mélancolie reviennent vite, et plus encore le sentiment de la vanité de tout, tel que l’Ecclésiaste (*) l’a si merveilleusement exprimé.

En apparence, cela donne raison à Pascal : je n’arrive pas à demeurer en repos dans ma chambre. Mais je crois plutôt que cela donne raison à Montaigne : cela prouve simplement que je ne suis pas un sage, que je n’agis pas assez, que je n’aime pas assez, ou bien que l’écriture est sans doute l’action qui me convient le mieux ou le moins mal.

Cela dit, il m’arrive aussi d’être heureux de me promener avec ma compagne, ou de rester avec elle « en repos dans ma chambre » comme dit Pascal, et de trouver cela encore plus délicieux que l’écriture ! »….

(*) L'Ecclésiaste ou le Qohélet (traduction grecque de l'hébreu קהלת Qohelet, « celui qui s'adresse à la foule ») est un livre de la Bible hébraïque et donc de l'Ancien Testament.