Sous la plume de Marianne

Sous la plume de Marianne

Le blason du téton

 

Outre le sonnet qu’il a contribué à imposer, Clément Marot (1495-1544 - poète officiel de la cour de François Ier, précurseur de la Pléiade) est l'inventeur d'un jeu littéraire : le blason.

 

Blasonner, initialement, consiste à détailler et expliquer les armoiries d'un écu. Ici, un blason désigne un poème court qui n’aborde qu‘une partie du corps (souvent féminin car le poète aime décrire sa muse).

 
Le blason du Beau Tétin  (publié dans «Épigrammes») - osé pour son époque ! - est souvent défini comme le premier de ce genre.

 

Le blason est très présent dans la poésie galante, oú il est prétexte à des jeux littéraires (« Les cheveux blonds » de Tristan L'Hermite). Le blason est un genre peu répandu. Il est très apprécié des vieilles littératures. Le genre est revenu en vogue au XXe siècle, où il a été illustré par Paul Eluard (« Blason des fleurs et des fruits »), Georges Brassens (« Le Blason ») ou André Breton (« Clair de terre »).

 



Du Beau Tetin

 

 

 

Tetin refaict, plus blanc qu’un oeuf,


 

Tetin de satin blanc tout neuf,


 

Tetin qui fait honte à la rose,


 

Tetin plus beau que nulle chose ;


 

Tetin dur, non pas Tetin, voyre,


 

Mais petite boule d’Ivoire,


 

Au milieu duquel est assise


 

Une fraize ou une cerise,


 

Que nul ne voit, ne touche aussi,


 

Mais je gaige qu’il est ainsi.


 

Tetin donc au petit bout rouge


 

Tetin qui jamais ne se bouge,

 


Soit pour venir, soit pour aller,


 

Soit pour courir, soit pour baller.


 

Tetin gauche, tetin mignon,


 

Tousjours loing de son compaignon,


 

Tetin qui porte temoignaige


 

Du demourant du personnage.


 

Quand on te voit il vient à mainctz


 

Une envie dedans les mains


 

De te taster, de te tenir ;


 

Mais il se faut bien contenir


 

D’en approcher, bon gré ma vie,


 

Car il viendroit une aultre envie.


 

O tetin ni grand ni petit,


 

Tetin meur, tetin d’appetit,


 

Tetin qui nuict et jour criez


 

Mariez moy tost, mariez !


 

Tetin qui t’enfles, et repoulses


 

Ton gorgerin de deux bons poulses,


 

A bon droict heureux on dira


 

Celluy qui de laict t’emplira,


 

Faisant d’un tetin de pucelle


 

Tetin de femme entiere et belle.

 

 

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 Gustave Courbet - Femme dans les vagues - 1868 

 

 

 


13/02/2021
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