Sous la plume de Marianne

De Gustave Flaubert, nous connaissons Madame Bovary, l'Education sentimentale, la Tentation de Saint-Antoine, Bouvard et Pécuchet (oeuvre inachevée que Flaubert revendiquait comme une encyclopédie de la bêtise humaine).

Le "dictionnaire des idées reçues" est probablement un ouvrage dudit Flaubert moins connu et pourtant...

Petit recueil d'entrées, à première vue ordonnées comme dans un glossaire, ce pseudo-dictionnaire égrène en réalité des affirmations ou des conseils péremptoires, bribes d'un savoir superficiel, tout un « catalogue d'idées chics ».

Prévu pour faire suite à Bouvard et Pécuchet, l'ouvrage accumule des poncifs que les deux copistes ne renieraient pas.

Extraits :

Abricots :

Nous n'en aurons pas encore cette année.

Académie française :

La dénigrer mais tâcher d'en faire partie si l'on peut.

Achille :

Ajouter "aux pieds légers" ; cela donne  croire que l'on a lu Homère.

Agriculture :

Une des mamelles de l'Etat (l'Etat est du genre masculin, mais ça ne fait rien).

Baiser :

Dire "embrasser", plus décent.
Doux larcin.

Le baiser se dépose sur

le front d'une jeune fille,

la joue d'une maman,

la main d'une jolie femme,

le cou d'un enfant,

les lèvres d'une maîtresse.

Belge :

Il faut appeler les Belges, des Français contrefaits ; ça fait toujours rire. "Savez-vous".

Calvitie :

Est toujours "précoce".
Et causée par les excès de jeunesse, ou la conception des grandes pensées.

Canard :

Tous viennent de Rouen.
N'est bon qu'avec des navets.

Député :

Tous bavards.
Ne font rien.

Diane :

Déesse de la chasse-teté

Pyramide :

Ouvrage inutile

Visage :

"Miroir de l'âme", alors il y a des gens qui

ont l'âme bien laide